En bref :
- 60% des entreprises rentables peinent à maintenir une trésorerie positive.
- Les délais de paiement clients créent un décalage critique entre bénéfices comptables et cash disponible.
- Une prévision rigoureuse de trésorerie sur plusieurs mois est indispensable pour anticiper les besoins.
- Optimiser la gestion des créances clients et diversifier les financements évite le surendettement.
- Visualiser le flux de trésorerie via un tableau de flux (Cash Flow Statement) est vital pour piloter en temps réel.
Comprendre la différence entre rentabilité comptable et trésorerie réelle
Une entreprise est dite rentable lorsqu’elle génère plus de revenus que de charges, souvent reflétée par un EBITDA positif, indicateur du bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements. Pourtant, 60% des entreprises affichant cette rentabilité connaissent simultanément des difficultés de trésorerie. Cette contradiction provient principalement du délai entre la réalisation du chiffre d’affaires et l’encaissement effectif des fonds.
Par exemple, une société qui facture 1M€ avec un délai moyen de paiement clients (DPO) de 60 jours dispose sur papier d’un bénéfice, mais ne peut utiliser cette somme immédiatement pour régler ses fournisseurs ou charges fixes. En cas de croissance rapide, ce décalage financier peut inquiéter : l’entreprise voit son fonds de roulement (BFR) se dégrader, menaçant sa liquidité.
| Indicateur | Valeur client exemple | Benchmark sectoriel | Erreur fréquente |
|---|---|---|---|
| Délai moyen de paiement clients (DPO) | 60 jours | 45 jours (secteur B2B) | Ne pas comptabiliser ce délai dans les prévisions de trésorerie |
| Marge brute | 35% | 30-40% | Confondre marge avec liquidité immédiate |
Pour visualiser cette situation, le tableau de flux de trésorerie (Cash Flow Statement) est l’outil de référence. Il expose clairement les entrées et sorties d’argent, mettant en lumière les goulets d’étranglement cash, souvent invisibles dans un compte de résultat classique.

Cycles de paiement et impact sur la trésorerie
Le principal facteur de tension sur le cash flow est le décalage entre facturation et encaissement. Lorsque les clients retardent leurs paiements, cela génère un besoin en fonds de roulement accru. Une entreprise affichant une marge d’EBITDA de 15% peut ainsi se retrouver à court de liquidités pour honorer ses factures fournisseurs.
Exemple chiffré : une PME avec un chiffre d’affaires de 2M€ disposant d’un délai de paiement commercial moyen de 75 jours doit financer environ 410K€ de BFR net (2M€ x 75/360). Sans financement adapté, cette trésorerie immobilisée génère un risque de défaut de paiement, voire de cessation d’activités malgré une rentabilité comptable.
- Mettre en place une politique stricte de relance automatisée;
- Privilégier les paiements immédiats (virements, prélèvements);
- Offrir des remises incitatives pour paiement anticipé;
- Négocier fermement les délais de paiement pour limiter le BFR.
| Action | Impact attendu | Exemple client anonymisé |
|---|---|---|
| Relance automatisée segmentée | Réduction des retards de paiement de 25% | Entreprise secteur services B2B, amélioration trésorerie de 120K€ en 6 mois |
| Remise pour paiement anticipé | Gain de liquidité immédiate | Distribution PME, gain de 8% sur les paiements anticipés |
Investissements et croissance : un impact différé sur la trésorerie
Investir dans le développement produit, le recrutement ou l’expansion commerciale implique souvent des décaissements immédiats ponctués d’un retour sur investissement à plus long terme. Lorsqu’une entreprise se concentre exclusivement sur l’EBITDA, elle risque d’ignorer l’impact négatif temporaire sur la trésorerie.
Exemple : un client en croissance rapide a investi 250K€ dans une nouvelle ligne de production avant d’en tirer des revenus effectifs 9 mois plus tard. Sans réserve de cash ni financement externe, l’entreprise a dû recourir à un découvert pour payer ses fournisseurs, ce qui a augmenté ses frais financiers et dégradé sa marge nette.
- Évaluer dès l’origine l’impact cash de tout investissement;
- Simuler différents scénarios de retours sur investissement;
- Anticiper les besoins de fonds via des financements adaptés;
- Intégrer systématiquement le BFR dans le plan de financement.
| Type d’investissement | Coût immédiat | Retour sur investissement (mois) | Erreur courante |
|---|---|---|---|
| Embauche commerciale | 50K€/an | 12-18 | Ignorer le délai avant rentabilité |
| Équipement industriel | 250K€ | 9-12 | Surévaluer le ROI |
Visualiser efficacement le cash flow : outils et méthodes pratiques
Pour faire le lien entre rentabilité comptable et trésorerie, le tableau de flux de trésorerie est la boussole. Il s’organise en trois parties : activités opérationnelles, d’investissement et de financement. Cet outil révèle les entrées et sorties d’argent réelles, permettant de détecter les tensions.
Un client PME a intégré une projection mensuelle, automatisée via un tableur partagé, avec mise à jour hebdomadaire des encaissements et dépenses. Résultat : anticipation des pics de tension et négociation réussie d’une ligne de crédit préventive.
- Automatiser la saisie via des outils connectés à la comptabilité;
- Mettre à jour régulièrement pour rester réactif;
- Comparer les flux réels aux prévisions pour ajuster le modèle;
- Utiliser les scénarios pour anticiper les décisions (investissement, recrutement).
| Composante du cash flow | Description | Exemple chiffré |
|---|---|---|
| Flux d’exploitation | Encaissements issus de l’activité courante moins paiements courants | +120K€ sur un trimestre |
| Flux d’investissement | Dépenses en nouveaux actifs, matériel, R&D | -80K€ sur un trimestre |
| Flux de financement | Apports externes, emprunts et remboursements | +50K€ net |
Pourquoi une entreprise rentable peut-elle manquer de cash ?
La rentabilité comptable intègre des charges non décaissées (amortissements, provisions) et ne reflète pas les délais d’encaissement. Des charges ponctuelles ou des délais clients longs peuvent neutraliser la trésorerie.
Comment calculer le besoin en fonds de roulement (BFR) ?
Le BFR correspond au décalage entre actifs circulants (stocks, créances clients) et passifs circulants (dettes fournisseurs). Il se calcule souvent par : BFR = (Créances clients + Stocks) – Dettes fournisseurs.
Quels outils pour suivre le cash flow ?
Un tableur automatisé ou logiciel de gestion financière avec modules comptables intégrés permet de construire et suivre un tableau de flux de trésorerie efficace.
Quels sont les risques d’une mauvaise gestion de trésorerie ?
Retards de paiement, découverts bancaires, hausse des frais financiers, voire cessation d’activité malgré une rentabilité apparente.